Comment ménager son stress sans anxiolytiques

 

Le stress est omniprésent dans notre société. Cependant, sa responsabilité dans les problèmes de santé n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur et de façon égale par le corps médical. De grandes études ont pourtant démontré que le stress est un véritable facteur de risque des maladies cardiovasculaires (maladies coronaires, accident vasculaire cérébral). Le stress tue à petit feu.

Le mécanisme complexe de cette toxicité est en particulier lié à une sécrétion importante et inadaptée d’hormones et en premier lieu d’adrénaline. Le stress va engendrer des maladies graves et va aussi gâcher la vie du stressé au quotidien. Celui-ci va se plaindre d’oppressions dans la poitrine, de palpitations, de tremblements, d’irritabilité, de difficultés à l’endormissement et j’en passe, autant de signes d’alerte somatiques qui le mèneront à consulter.

Le médecin le plus souvent n’aura pas de difficultés à établir le diagnostic et à déclamer la sentence: « c’est nerveux, c’est le stress… ». Et le parcours du combattant du stressé débute… Quelques conseils qui se veulent rassurants: travaillez moins, faites du sport, prenez plus de vacances… Facile à dire!

Pas d’explication sur la genèse des symptômes gênants et inquiétants que ressent l’individu. Une prescription de magnésium souvent pour quelques semaines, et voilà! Parfois une consultation cardiologique est demandée en raison des signes volontiers thoraciques du stress, pouvant faire craindre une véritable maladie cardiaque. Une fois les examens réalisés et revenus normaux, rien n’est proposé au stressé désemparé…

Mais le pire dans la prise en charge médicale reste à venir. Une prescription de tranquillisants à l’action sédative quand les symptômes s’installent est alors délivrée. Ces anxiolytiques, apaisants, pourront améliorer transitoirement le patient. Mais celui-ci aura alors du mal à s’en passer…Ce sont de véritables drogues.

Pourquoi ces tranquillisants (Lexomil, Xanax, Lysanxia…) sont-ils inadaptés au traitement du stress symptomatique? Avant tout parce qu’ils sont destinés à la vraie anxiété, à l’angoisse, aux phobies et à la dépression. Toutes ces pathologies psychiatriques peuvent découler d’un stress chronique prolongé. Ce sont alors des complications du stress, et l’avis d’un spécialiste psychiatre est plus que souhaitable. Il déterminera au mieux le choix du produit et surveillera régulièrement le patient. Mais en France tout particulièrement, nous confondons stress et complications psychiatriques du stress!

Nous conservons le triste record de la première place mondiale de consommation de psychotropes (tranquillisants, antidépresseurs, somnifères) et nous ne parvenons pas à nous en sortir! Le médecin généraliste prescrit ces médicaments dans près de 80% des cas, n’ayant ni le temps ni les compétences du psychiatre, à un patient « seulement stressé ». Ces médicaments sont source d’effets indésirables notables: somnolence diurne, fatigue, diminution de la libido, troubles de la mémoire…

Des études sérieuses font état du risque accru de développer précocement une maladie d’Alzheimer en cas de consommation prolongée de tranquillisants sur des années. Ces produits se comportent comme de vraies drogues, le patient recherchant l’apaisement à ses maux en augmentant la dose du produit, et rapidement, voilà qu’il ne peut plus s’en passer! De plus, le patient français n’aura pas de mal à s’en procurer auprès de son généraliste, ou d’un autre médecin complaisant. Les recommandations médicales réservent pourtant ce type de traitement à quelques semaines seulement… Les assurances maladies, les agences du médicament, les pouvoirs publics le savent, mais les contrôles auprès de patients et médecins, les avertissements, sont aléatoires et ponctuels…
Que faire d’autre face au stressé?

Je suggère une formation spécifique des médecins au stress. En effet, cette « psychiatrisation du stress », essentiellement médicamenteuse, est due avant tout à un manque de temps et de formation des médecins. Votre médecin ne vous prescrira pas d’antibiotique face à une maladie virale. Pourquoi vous prescrit-il un psychotrope face au stress? Vous n’êtes ni anxieux, ni déprimé mais vous ressentez des symptômes physiques, de la nervosité de l’irritabilité face à des contraintes professionnelles ou privées que vous vivez mal…

Les médecins devraient expliquer le mécanisme des symptômes au patient, ce qui les réconforterait bien mieux qu’une tape sur l’épaule ou la prescription d’un tranquillisant! Ils devront apprendre à proposer un « traitement sur mesure du stress » qui peut aller de simples conseils de vie, à la pratique de la relaxation, du sport, du yoga, voire d’une courte psychothérapie comportementale afin d’appréhender au mieux les événements stressants.

Dans mon expérience de longue date du traitement du stress, je m’efforce de tout faire pour éviter un traitement médicamenteux, en me servant de tout l’éventail des techniques sérieuses existantes. J’oriente sans parti pris mon patient vers la meilleure méthode…pour lui.

Cela pourra être le sport, la relaxation ou encore le yoga. J’insiste sur la nécessité d’une implication personnelle, seule voie de salut véritable face au stress. Mais quand rien ne marche chez le patient, ou qu’il ne peut trouver le temps ou l’envie de pratiquer une ou plusieurs activités antistress, je peux alors décider d’employer un médicament afin de réduire les symptômes gênants et d’améliorer plus rapidement l’état de mon patient.

Le magnésium, bien employé, à forte dose, peut être un apport intéressant. Cet oligoélément a manifestement une action régulatrice sur le système neuromusculaire, une action sédative centrale connue de longue date. Il n’a aucune toxicité.

Les bêtabloqueurs constituent une classe de médicaments destinée aux maladies cardiovasculaires pour lesquelles ils ont largement démontré efficacité et effet de protecteur cardiaque. Leur emploi est méconnu chez le stressé. Leur efficacité dans le cadre du trac (un nombre incroyable de musiciens, de politiciens, d’hommes de radio ou tv en consomment depuis les années 60!) ou du stress, réside avant tout dans la diminution de l’action de l’adrénaline, néfaste pour notre cœur et nos artères, mais aussi responsable de la plupart des signes physiques (douleurs thoraciques, oppressions, palpitations, migraines, tremblements…)

Leur efficacité remarquable sur les symptômes, leur bonne tolérance sans fatigue ni somnolence, l’absence d’accoutumance et de dépendance, contrairement aux tranquillisants, en font à mon avis le produit de choix dans le cadre du stress non géré, ou insuffisamment géré par les méthodes non médicamenteuses.

Oui, il est grand temps de gérer le stress grandissant de nos concitoyens pour leur bien-être, mais aussi pour diminuer le risque réel de développer de plus en plus de maladies cardiovasculaires, pour diminuer le coût phénoménal du stress pour la société par l’absentéisme qu’il engendre. Les médecins doivent s’y engager, se former, et éviter la prescription inadaptée et addictive des psychotropes…mais sans volonté politique et des moyens de grande ampleur.

 

Source : Article original

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