Fibromyalgie: d’encourageantes données scientifiques
Vous êtes nombreux et nombreuses à m’écrire pour me demander des conseils, des informations et des exercices pour les personnes atteintes de fibromyalgie.
J’ai écrit mon article d’aujourd’hui afin de répondre à vos questions. Vous y trouverez plusieurs informations tirées de recherches scientifiques récentes. Cliquez sur les hyperliens pour avoir accès au résumé des articles (en anglais).
Notez que certaines des études citées ont été réalisées sur de petites populations et que les résultats ne peuvent pas systématiquement être généralisés à grande échelle. Or, l’ensemble de ces avancées scientifiques sont encourageantes. Elles permettent une meilleure compréhension de la fibromyalgie, de briser certains préjugés et d’améliorer les outils diagnostics, les traitements ainsi que la qualité de vie des personnes atteintes. La fibromyalgie touche de 2% à 8% de la population, hommes et femmes, et il s’agit d’ailleurs d’un problème de santé sous-diagnostiqué selon plusieurs auteurs.
Bonne lecture!
La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique
Le syndrome de fatigue chronique est un problème de santé invalidant qui entraîne, entre autres, une fatigue importante qui est non résolue par le repos et qui perdure au-delà de 6 mois, des difficultés cognitives (attention, concentration, etc.), des maux de tête, et d’autres types de douleur. Une étude publiée récemment a démontré que les personnes ayant à la fois un diagnostic du syndrome de fatigue chronique et celui de la fibromyalgie éprouvaient de moins bonnes capacités fonctionnelles, davantage de douleur, et plus de difficultés cognitives que les personnes ayant reçu comme seul diagnostic le syndrome de fatigue chronique.
Les résultats de cette étude soulèvent l’importance d’une intervention globale qui devrait inclure un suivi psychologique ainsi qu’une rééducation physique,fonctionnelle et cognitive.
Les impacts au quotidien
Une étude réalisée auprès de 257 femmes souffrant de fibromyalgie a déterminé que 95 % d’entre elles démontraient une diminution de capacités dans des activités quotidiennes qui requièrent des habiletés motrices (déplacement de la personne ou d’un objet). Aussi, 40 % de ces femmes éprouvaient de la difficulté dans des activités plus complexes, soit celles qui nécessitent une forme d’adaptation ou d’organisation, notamment du temps ou de l’environnement.
Si vous êtes concernés par cette situation, vous ou l’un de vos proches, sachez que les ergothérapeutes sont des professionnels dont les compétences vous aideront à mieux fonctionner lors de vos activités quotidiennes. Consultez le site de l’Association nationale française des ergothérapeutes pour trouver un ergothérapeute près de chez vous.
Les nerfs [1]
Depuis quelques années, des études évoquent des anomalies dans les nerfs de petite taille chez les personnes touchées par la fibromyalgie. Cette hypothèse a été renforcée cette année par des chercheurs allemands qui ont procédé à des biopsies sur des patients atteints de fibromyalgie, concluant que le diamètre de leurs nerfs de petite taille était effectivement plus réduit que celui des personnes non fibromyalgiques.
D’autres auteurs avancent aussi l’hypothèse que les caractéristiques de ces nerfs de petite taille auraient possiblement des liens avec l’inflammation et le système immunitaire de la personne.
Certains chercheurs apportent toutefois quelques bémols sur l’importance des spécificités de ces petits nerfs dans la fibromyalgie, en soulevant l’idée qu’il s’agit peut-être d’une réaction d’adaptation du système nerveux et qu’il est difficile d’établir un lien de causalité.
Les nerfs [2]
La dopamine est un messager chimique (neurotransmetteur) important dans la transmission et l’interprétation de la douleur. Des anomalies quant aux récepteurs de la dopamine auraient été observées chez des patients atteints de fibromyalgie, notamment dans certaines régions de leur cerveau. Cela aurait des conséquences sur la perception de leur douleur en ce qui a trait au degré de sensibilité, de tolérance, ainsi que dans la mise au point de traitements plus efficaces.
Différences entre fibromyalgie et dépression
Le cerveau des personnes atteintes de fibromyalgie réagirait davantage aux stimulations douloureuses que ceux des personnes non fibromyalgiques et, par surcroît, que ceux des personnes atteintes de dépression. Il s’agit là d’une différence marquée entre deux problèmes de santé qui sont parfois malheureusement confondus, soit la dépression et la fibromyalgie. Ces résultats sont tirés d’une étuderéalisée en Allemagne ; celle-ci apporte aussi d’autres précisions quant aux différences entre ces deux pathologies en ce qui concerne l’activation de certaines régions du cerveau.
La marche, la montée d’escaliers et la consommation d’oxygène
Des chercheurs des Pays-Bas et de la Belgique se sont notamment intéressés à la consommation d’oxygène pendant la marche et la montée d’un escalier chez les personnes atteintes de fibromyalgie. Fait intéressant: les personnes fibromyalgiques nécessitaient davantage de temps pour une même distance, que ce soit lors de la marche ou de la montée d’un escalier, mais leur consommation d’oxygène ne différait pas de celle du groupe contrôle.
De plus, les personnes qui exprimaient un état de fatigue plus marqué démontraient une plus grande peur de bouger, aussi appelée kinésiophobie.
La cigarette: qui dit vrai?
Une étude effectuée auprès de femmes souffrant de fibromyalgie a démontré que la majorité des participantes ne croyaient pas que la cigarette contribuait à l’augmentation des symptômes. Celles-ci disaient toutefois utiliser la cigarette pour les aider à mieux gérer la douleur, notamment comme distraction ou moyen de relaxation.
Or, la cigarette ne semblait pas avoir d’effets positifs sur leurs symptômes, du moins lorsque ceux-ci étaient mesurés de façon objective. La cigarette ayant des impacts plutôt négatifs. Cette conclusion est en accord avec celle d’une recherche publiée dans la revue Pain Medecine impliquant 1 566 patients : les personnes qui fument quotidiennement et qui sont atteintes de fibromyalgie percevraient davantage de douleur que celles qui ne fument pas. Et vous, qu’en pensez-vous?
Des liens avec le lupus érythémateux
La prévalence de la fibromyalgie serait plus élevée parmi les personnes atteintes de lupus, soit jusqu’à 6,9 %. De plus, ces personnes manifesteraient beaucoup plus fréquemment certains signes cliniques associés à la fibromyalgie, comme la dépression et les maux de tête.
Les effets des symptômes sur le cerveau
Les symptômes de la fibromyalgie affectent-ils l’activité du cerveau? Il semblerait que oui, à croire des chercheurs espagnols et américains qui ont répondu à cette question en étudiant le cerveau de 46 femmes, dont la moitié avait reçu un diagnostic de fibromyalgie.
Un état de détresse psychologique plus élevé était notamment associé à une diminution du volume de la matière grise de régions précises du cerveau. En contrepartie, la douleur, l’anxiété et la somnolence étaient reliées à une augmentation de volume de la matière grise. Notez que ces changements n’avaient pas uniquement lieu dans des endroits du cerveau qui sont responsables de la douleur, ouvrant ainsi la voie à une réflexion, selon les auteurs de l’étude, sur des liens probables entre la fibromyalgie et d’autres caractéristiques du cerveau, notamment la plasticité.
Programme d’exercices et aérobie
Dans un contexte de fibromyalgie, il peut être aidant de pratiquer une activité aérobique adaptée à votre condition de 15 à 30 minutes, 3 à 4 fois par semaine, pendant au moins 6 semaines.
Le principe de progressivité doit être appliqué. Choisissez d’abord un niveau de difficulté inférieur à vos capacités ; l’effort doit être minimal. Puis, augmentez graduellement la durée, l’intensité et la fréquence selon vos capacités.
Cette activité peut d’ailleurs être réalisée en position debout, assise, et même couchée. Et comme promis, je vous propose un programme d’exercices tirés de mon plus récent livre. Celui-ci s’adresse à la respiration [R1, R2, R5 et R6], la souplesse [A5, A6, A7 et A10], la force [F3, F4, F5 et F7] et l’équilibre [S1, S2, S5 et S6].
Que ce soit ce programme-ci ou un autre, de votre choix ou donné par un de mes collègues kinésithérapeutes, faites de 6 à 8 exercices, 3 à 4 fois par semaine à raison de 15 à 30 minutes par séance. Variez les exercices régulièrement, et aucun d’entre eux ne doit reproduire ou provoquer la douleur. Dosez l’intensité, la longueur et la quantité des pauses en fonction de vos capacités. En espérant que ces conseils et ces informations vous soient utiles. Bon courage!
Source: www.huffingtonpost.fr/denis-fortier/fibromyalgie-dencourageantes-donnees-scientifiques_b_9554584.html
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