«Le stress est un tueur sous-estimé»
SANTE – Auteur de «Ma médecine antistress», ce cardiologue dénonce le traitement inapproprié de cette pathologie en France…
A force de croiser des «patients perdus», face auxquels la médecine française ne trouve pas toujours de réponse, ce cardiologue parisien a décidé de pousser un double coup de gueule. Auteur du livre Ma médecine antistress (Ed. du Moment),Pierre Setbon regrette que le stress soit minimisé dans les cabinets médicaux. Pour lui, le traitement proposé aux stressés n’est pas non plus très adapté…
Pourquoi les médecins ne prennent pas le stress au sérieux, selon vous?
L’idée générale c’est qu’on ne s’occupe pas assez du stress. On a complètement oublié que c’est un véritable facteur de risque de maladies cardiaques, après le tabac et le cholestérol. Il tue les gens. Le stress est un tueur sous-estimé. Or actuellement, les médecins tapent sur l’épaule des gens stressés qui viennent les voir avec des douleurs, des palpitations. On leur dit: « C’est le stress, bonne journée, au revoir », avec éventuellement un petit conseil.
On est donc mal traité quand on est stressé…
On est mal soigné oui. Il y a une psychiatrisation du stress avec les anxiolytiques, les antidépresseurs. On a un peu trop abusé des psychotropes. En France, il n’y a pas de médecins qui traitent le stress de manière globale. On ne fait pas ce qu’il faut. On a complètement psychiatrisé les gens. Si on oriente quelqu’un de stressé chez un psy, il va voir le traitement de sa spécialité, qui est une thérapie longue. Ce que je veux faire, en tant que cardiologue, c’est être un médecin généraliste du stress. Orienter les gens vers le traitement adapté. Or cette orientation n’existe pas. Le généraliste ne s’y intéresse pas parce que sa salle d’attente est bourrée. Le cardiologue fait ses examens, il a gagné sa vie, et met le patient dehors. Le patient est paumé avec ses symptômes. Il faut proposer quelque chose aux stressés.
Qu’est ce que le stress au niveau physiologique?
Il est généré par le cerveau. L’hypothalamus lance l’alarme. On a un emballement du système neurovégétatif avec sécrétions hormonales d’adrénaline et cortisol.Ils sont nocifs à long terme. Le stress favorise les maladies cardio-vasculaires (infarctus notamment). Sans compter qu’il favorise l’anxiété, la dépression. L’adrénaline en excès va fabriquer des oppressions, des palpitations, des blocages, des migraines, des malaises. C’est ce que je vois au quotidien. Sur 20 patients, il n’y en a que 10 qui sont vraiment malades du cœur. Tous les autres viennent pour ces symptômes-là. Soit on les renvoie chez eux, soit on décide de leur donner un traitement personnalisé.
Quel type de traitement par exemple?
La médecine antistress, c’est une orientation. Il faut d’abord diminuer ce qui est nocif. La consommation de café ou de coca. L’alcool est aussi un excitant du cœur. Il y a la cigarette. Quand on inhale une bouffée, on augmente par trois la sécrétion d’adrénaline. Je ne demande pas aux gens d’arrêter tout ça parce qu’en période de stress, on ne peut pas s’en passer. Je leur dis juste de diminuer un peu. Je leur dis aussi de ne pas se noyer dans le travail. Il faut se poser des questions sur son planning, ses motivations. Il faut aussi soigner son alimentation, tout en se faisant plaisir, essayer de roupiller ses 8 heures de sommeil, faire du sport. On sait qu’en faisant 20 minutes d’endurance trois fois par semaine, on diminue de 30 % son risque de maladie cardio-vasculaire. Je conseille enfin des cures de magnésium qui a une action calmante sur le système cardio-vasculaire. En mangeant très bien, on arrive à 250 mg par jour de magnésium. On sait qu’il en faut 400. C’est nécessaire. Aujourd’hui, une tachycardie qui arrive en unité de soins intensifs cardio, la première chose qu’on lui fait, c’est une injection de magnésium.
Qu’est ce qui détermine le passage au traitement au médicament?
Si on a quelqu’un devant soi qui ne se sent vraiment pas bien, qui a des oppressions au cœur, qui dort mal, on va lui prescrire un tranquillisant et un psychotrope. Dans le cas du stress, ce que je dis, c’est que ces médicaments ne sont pas adaptés. On est dans les complications du stress. En France, on confond tout parce qu’il y a du lobbying. Ces traitements-là on prit le dessus.
Source : Article original
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